jeudi 20 mai 2010

Matthieu, 16 ans Jeune Pop' écervelé.

Récemment, j’ai fait la découverte de ceci. Officiellement, il s’agit d’un blog d’un jeune de 16 ans membre des Jeunes Pop’. Jusqu’ici, rien d’anormal. Je m’attendais évidemment à ne pas être d’accord avec l’immense majorité des billets pouvant s’y trouver, naturellement. Mais quelle ne fut pas ma surprise d’y trouver une prose à ce point caricaturale qu’aujourd’hui encore je doute de la sincérité de celui qui tient ce blog. Qu’on se comprenne bien, il ne s’agit pas de propos « caricaturaux » au sens où des gens comme Jean-François Coppé ou Fredo et Dodo peuvent les tenir. Ces clowns là font de la mauvaise foi, ils savent qu’ils font de la mauvaise foi, qu’ils sont dans l’excès, que c’est un effet recherché etc. Leurs propos excessifs sont la plupart du temps maitrisés. Non, là, il s’agit d’une caricature telle qu’un humoriste ou un caricaturiste pourrait en être à l’origine. Les excès sont réellement des excès. Pire, ils sont appuyés, ils reprennent de vieux clichés, racistes, homophobes, antisémites etc. Quelqu’un voudrait caricaturer un discours de droite ou d’extrême droite qu’il ne s’y prendrait guère autrement. Encore une fois, j’insiste, ce n’est pas moi qui serais facilement impressionnable ou sous le choc de propos de la sorte : lorsque je tombe de temps en temps sur des sites ou des blogs de droite ou d’extrême droite, je ne suis « choqué » que par le fond, les idées en elles-mêmes, non par la façon dont elles sont présentées et argumentées. Par exemple, un site d’extrême droite va faire passer sa xénophobie en exhibant des statistiques sorties d’on ne sait où pour montrer que décidément, les jeunes immigrés, ils foutent le bordel que le autres. Mais il sera finalement rare de trouver dans ces sites, de façon explicite, l’idée que TOUS les immigrés foutent TOUS le bordel. Il ne s’agit pas ici de défendre l’extrême droite ou quoique ce soit dans ce genre (car au font cette idée, même si elle n’est pas affirmée expressément, est fondamentale dans la pensée xénophobe) mais de montrer que l’argumentaire est établi de façon à paraitre un tant soit peu crédible. Chez notre ami, non. Point. Généralités, clichés, admiration sans borne pour Sarko etc. Aucune retenue. Ce n’est plus de la « décomplexion » à ce stade, c’est être incapable de différencier ce que l’on pense «schématiquement » et ce que l’on doit dire pour être crédible.
A titre personnel, je suis convaincu que ce blog est bien tenu par quelqu’un de réel qui pense et s’exprime sincèrement et exactement comme il le fait dans ses articles. Pourtant, je ne peux m’empêcher d’en douter à leur lecture et à celle de ses commentaires. Ce qui est intéressant ici, ce n’est pas tant que l’on puisse affirmer explicitement de telles choses (il suffit pour ça de ne pas être très cultivé ou pas très malin) mais de voir comment il peut exister des choses si absurdes qu’il devient impossible d’être tout à fait certain qu’il s’agit bien de choses réelles. C’est une expérience assez troublante que de se dire que l’absurdité que nous avons sous les yeux EST une absurdité. En théorie, les absurdités n’existent pas, justement parce qu’elles sont absurdes. A la rigueur, il s’agit de second degré, mais dans un tel cas, on peut effectivement penser que ce n’est pas l’absurdité elle-même qui existe, c’est son illustration, sa dénotation.
L’interrogation est ici « ontologique » : qu’est-ce qui fait la différence entre une caricature et une chose caricaturale comme le blog de Matthieu, 16 ans, jeune pop‘ écervelé ? Pour cela, il faut savoir ce qu’est une caricature. On pourrait proposer qu’une caricature est une opération consistant à « simplifier » une réalité (une personne, une situation, un propos) en lui autorisant un nombre extrêmement réduit de ses prédicats, de ses caractéristiques par suppression de tous les autres. Par exemple, la caricature du sportif est celle qui attribue à l’individu (le sportif) l’unique prédicat relatif à son sport (taper dans un ballon pour un footballeur, nager pour un nageur…). L’individu sportif n’a plus qu’un seul prédicat, qu’une seule caractéristique : celle définissant son activité. On pourrait presque dire que le sportif est réduit à son sport, l’individu à son activité. La caricature d’une personne consiste donc à réduire cette personne à ce qu’elle « est » ou plutôt à la façon dont on la dénote. Ainsi la caricature politique consiste à réduire le discours ou l’individu politique (de droite ou de gauche) à un ensemble de propositions simples et réduites (de droite ou de gauche) qui, parce qu’elles sont trop étroites et trop peu nombreuses, nient une partie de la réalité et deviennent alors absurdes en entrainant des paradoxes ou des situations impossibles. C’est de l’absurdité qui découle de cette réduction du complexe au simple que vient l’effet comique. Une des caractéristiques de la caricature est qu’on ne peut pas la caricaturer. En effet, puisqu’il s’agit déjà d’une chose « simple », on ne peut plus la réduire encore. Une autre en est qu’une caricature n’est pas réelle puisqu’elle consiste toujours à ôter au réel un ensemble de faits, de nuances, de prédicats, à abstraire l’objet à caricaturer tout ce qui fait qu’il est au monde (une histoire, un contexte, des liens et des rapports avec d’autres objets etc.). Caricaturer, c’est abstraire, arracher par l’esprit, un objet du monde concret et lui dénier un nombre considérable de ses caractéristiques afin de le simplifier au maximum pour produire les paradoxes et absurdités comiques. La caricature est donc une Idée-de-quelque-chose et n’existe donc pas en tant que telle.
Mais revenons à notre Matthieu. Si nous croyons qu’il existe réellement, nous ne pouvons pas lui attribuer sincèrement la caricature comme prédicat. Qu’est-ce à dire alors que d’affirmer que ce blog « est une caricature » ? Tout simplement qu’il est l’expression des idées de droite prises unilatéralement et l’une après l’autre, comme un caricaturiste ferait pour caricaturer plusieurs foi et à chaque fois sous un autre angle un ensemble complexe. Car n’oublions pas que si le footballeur n’est pas qu’une chose qui tape dans un ballon, c’en est aussi une. Le prédicat exacerbé et isolé dans la caricature n’est certes pas suffisant pour définir réellement l’objet caricaturé mais il reste un prédicat nécessaire. Inversement, il est possible de caricaturer un objet de diverses façon, d’autant de manière qu’il a de prédicat (par exemple, on pourrait également caricaturer le footballeur via son gout pour ses paies astronomiques, son langage souvent limité etc.). Autrement dit, la caricature déforme la réalité mais n’est pas un mensonge total. Une bonne caricature, pour fonctionner, doit dire quelque chose de vrai en partie. Ce que Matthieu nous présente donc à travers son blog, ce n’est pas « la droite » ou l’idéologie de droite réelle (à son grand regret me semble-t-il) mais les prédicats, les caractéristiques, les éléments, bref des parties toutes nécessaires mais jamais suffisantes qui font cette idéologie. Ces parties disent bien quelque chose en tant qu’elles sont les éléments constitutifs de l’idéologie libérale. Bien qu’ils soient déformés, il nous est alors possible de constater l’immense absurdité non pas seulement des propos caricaturaux du jeune Matthieu, 16 ans, Jeune Pop’ écervelé mais de l’idéologie, via ces éléments, qu’il entend défendre malgré sa maladresse qui ne peut que desservir un peu plus sa cause.

Et là dessus, y’a pas photo…

mercredi 19 mai 2010

Qu'est-ce que la Philosophie de Combat Contre le Capitalisme ?

Toute pensée politique est sous-tendue par des postulats et des positions philosophiques. Cependant, ces dernières ne sont pas toujours (voire ne sont jamais) explicites ou explicitées. De la sorte, les porteurs des idéologies sont le plus souvent ignorants de leurs propres options philosophiques. Mais parce que fondamentales, elles réapparaissent, émergent régulièrement des discours et des idées politiques.

La philosophie de combat a un double objectif. Premièrement, elle tente de révéler, de dévoiler les options philosophiques présentent dans les diverses positions politiques. Cette stratégie du dévoilement permet de constituer une nouvelle base de contestation, un nouveau plan de dispute. Et puisque la plupart des gens ignorent leurs propres fondations, ils sont incapables, le plus souvent de les défendre. Ce plan étant à la fois ce qui sous-tend tout le discours politique et celui qui est le moins défendu, il est donc le plan le plus facile pour détruire une idéologie politique. En délaissant le terrain philosophique, les politiques abandonnent un champ de bataille. La philosophie de combat prétend y revenir mieux armée que jamais grâce à une méthodologie moins spéculative et plus scientifique que la philosophie traditionnelle. En effet, en axant la réflexion philosophique non plus seulement sur des objets abstraits et idéaux mais aussi sur des objets concrets et empiriques, la philosophie de combat, philosophie sociale, prétend être à la fois le point de départ et le point de synthèse de multiples sciences sociales (sociologie, économie…). Dès lors, son discours puissant et solidement argumenté est en mesure de détruire aisément les faibles résistances que les politiques pourraient avancer sur un champ qu’ils ont depuis longtemps délaissé.

La philosophie de combat est ici dirigée contre le capitalisme. Elle s’attaquera donc aux postulats des doctrines philosophiques que la bourgeoisie a oubliés, lui préférant un discours superficiel et reposant sur « l’évidence » de ses mêmes postulats. Elle les attaquera certes, mais surtout, elle n’aura de cesse de les mettre à jour, de les expliciter, de les expliquer, bref, de les dévoiler afin que l’on puisse assez les analyser, première étape pour une critique efficace.

Le second objectif sera de donner les outils nécessaires pour réaliser la critique de ces postulats. Si nous n’hésiterons pas à les prendre directement pour cible, nous souhaitons également que cette capacité de critique philosophique soit partagée et diffusée entre et par tous ceux qui souhaitent et qui œuvrent d’une quelconque manière contre le capitalisme. Pour cela, il nous faudra vulgariser et expliquer des concepts et des positions philosophiques qui permettent une telle critique mais également qui permettent de construire une alternative. Mieux, afin que notre stratégie ne se retourne pas contre nous, afin que nous soyons en mesure de répondre philosophiquement aux attaques philosophiques portées sur nos propres positions, il nous faudra aussi expliciter et expliquer quelles sont nos propres fondations. En ayant conscience et connaissance de nos fondements, nous aurons alors un avantage non négligeable puisque nous serons :

1. En mesure de nous défendre,

2. En capacité de proposer des alternatives philosophiques donc politiques au capitalisme

3. D’une puissance bien supérieure à celle du camp adverse.

En résumé donc, la philosophie de combat contre le capitalisme se présente comme l’occasion d’ouvrir une nouvelle brèche dans le débat politique, ou plutôt d’en réactualiser une. Mais puisque, sur un terrain vierge ou abandonné, l’avantage est laissé à ceux qui arrivent les premiers (laissant ainsi le temps à ceux-ci de préparer aussi bien leurs attaques que leurs défense), nous pensons tenir là une manière particulièrement efficace de s’opposer à la doctrine capitalisme, quelque soit les formes qu’elle puisse prendre.

Nous avons un avantage énorme, profitons-en !

vendredi 30 avril 2010

Jean-Luc Mélenchon encore... ok, après j'arrête.

Vu sur le site de Seb Musset, ces quatre vidéo de Jean-Luc Mélenchon. Interviewé par des bloggers, il revient sur le fameux épisode "contre les journalistes"... mais pas seulement. A plusieurs reprises, JLM nous expose sa vision de la politique et du monde ainsi que les moyens qu'il espère pouvoir un jour utiliser pour le changer, ce qui est assez intéressant. Suffisamment intéressant en tout cas pour que je les mette ici.


PG > MELENCHON ET LES MEDIAS p.1 // 14.04.2010 from politicenstock on Vimeo.



PG > MELENCHON ET LES MEDIAS p.2 // 14.04.2010 from politicenstock on Vimeo.



PG > MELENCHON ET LES MEDIAS p.3 // 14.04.2010 from politicenstock on Vimeo.



PG > MELENCHON ET LES MEDIAS p.4 // 14.04.2010 from politicenstock on Vimeo.




Et puis j'ai trouvé celle-là aussi, sur les réformes (scélérates) des retraites cette fois et de son traitement médiatique... Ça peut pas faire de mal.



PG > JEAN-LUC MELENCHON // LES RETRAITES ET LA PEUR // 14.04.2010 from politicenstock on Vimeo.

mercredi 21 avril 2010

Parfaite illustration 2.

Dans un rapide billet, le pertinent CSP, nous montre, une fois de plus, s'il en était encore besoin, que les journalistes sont trèèèèèèèèèèèès loin de "l'impartialité" requise par leur "déontologie".

En effet, à propos des retraites, voici ce qu'en dit un journaliste du Monde (quotidien dont on m'affirmait pourtant par un temps qu'il était plutôt de gauche...) :

"Plutôt que de tailler n'importe comment dans les budgets, ce qui risque de faire chuter la consommation et de porter atteinte à la croissance, pourquoi ne pas, dans certains pays, augmenter l'âge de la retraite ? On ferait d'une pierre deux coups : outre l'assainissement des finances publiques, cet allongement de la vie professionnelle favorise une moindre épargne et donc soutient la consommation et la croissance".

Et ça, bien sur, c'est d'une totale objectivité et ce n'est absolument pas orienté politiquement, hein? Notons qu'un tel commentaire sur les retraite émanant du Figaro ne m'aurait pas étonné et que j'aurais même trouvé ça normal. Mais venant d'un journal perçu comme "de gauche" ou (pire?) "neutre", c'est assez problématique. Je passe sur le contenu même de l'article et m'arrête simplement sur le fait qu'il s'agit d'une nouvelle illustration de la "liberté" de la presse : servilité assumée à l'idéologie dominante.

vendredi 9 avril 2010

Parfaite illustration.

Sans déconner. Nan mais sérieux, sans rire. Je pose la question : L’Est Républicain est-il un vrai journal ? Les personnes écrivant pour l’Est Républicain sont-ils des journalistes ? Et allons plus loin : la presse régionale est-elle véritablement journalistique ? Cela fait, je dois dire, un petit moment que je ne le crois plus. Ceci est d’ailleurs valable pour les jités de France3 Région. Dans l’un comme dans l’autre ce qui relève de l’information, la vraie, la bonne, la pertinente, celle qui devrait faire la une tous les jours est soit reléguée loin dans les pages (ou dans les reportages) du journal soit réduite à son plus expresse traitement. Car il faut bien comprendre que visiblement, pour les « journalistes » de ces médias, il faut à tout prix que leur journal soit le reflet de la région dont ils traitent. Aussi, peu importe qu’une entreprise faisant des profits licencie éhontément des centaines de salariés, le plus important reste de traiter de la fête du sabot se déroulant, pour la 26è année consécutive à Schmart-les-moselle parce que CA c’est l’information qui « intéresse les Lorrains ». Nous avions déjà eu l’occasion de critiquer le métier de journaliste (où plutôt ce qu’il est devenu) mais nous n’avions pas porté de regard plus appuyé sur la presse régionale. Et là il faut bien dire que ce ne peut que renforcer notre opinion.
Déjà, on notera l’originalité : en Lorraine, il y a deux grands quotidiens : le Républicain Lorrain et l’Est Républicain. Moui, effectivement, ils sont allés chercher loin pour trouver leurs noms respectifs. Je pense fonder un autre journal, il s’appellera le Lorrain Républicain ou peut-être le Républicain de l’Est, je me tâte encore. Bon, mais l’habit (et le nom) ne fait pas le moine me direz-vous et vous aurez raison. Aussi regardons un peu à l’intérieur. Et que trouvons-nous ? Ça :

(Pour ceux qui n'arriveraient pas à lire : "Non ils n'étaient pas en grève. Les étudiants de la fac de Lettres se la coulaient douce, mardi après-midi, vautrés sur la pelouse centrale encore humide des dernières pluies. Il savouraient les premiers rayons de soleil. Ils philosophaient peut-être sur le plaisir de ne rien faire ou pensaient à leurs copains de première année de médecine ou en prépa, en pleine révision de concours" Photo Denis MOUSTY.)

Aaaaah voilà du vrai travail journalistique. Voilà une information qu’elle est intéressante. Voilà l’éthique journalistique mise en avant et fort justement illustrée. Voilà qui donne tord à ces ennemis de la presse que sont Jean-Luc Mélenchon et consorts. Ahah, on fait moins les malins là ! Un article d’une puissance d’analyse à couper le souffle et qui va probablement révolutionner la presse régionale. Une photo, quatre phrases, un cliché populiste. Ça c’est de l’article.

Alors qu'en dire? Que démontre-t-il? Ne serait-ce pas là, la preuve de ce que nous disions des médias dans notre billet précédent ? A savoir que les journalistes ont une part non négligeable dans la façon dont « les Français » appréhendent les choses ? Si la fac de Lettres a une mauvaise image, à qui la faute ? La sienne ? Ou celle des politiques et des journalistes qui passent leur temps à la critiquer, à rabâcher toujours les mêmes discours consistant à dire qu’elle ne forme à rien, ne sert à rien, est le siège d’affreux gauchistes fainéants et futurs chômeurs ? Les journalistes peuvent bien se draper dans leur déontologie, leur liberté, leur impartialité, ce là sont TOUS des hypocrites. Les seuls qui ne le sont pas sont ceux qui admettent et avoue cette même hypocrisie. La liberté et la neutralité de la presse est une vaste plaisanterie qu’il est temps de mettre à mal. Que les journalistes avouent enfin pour qui, pour quoi ils roulent et on fera alors un pas vers la réelle liberté d’opinion. Car tant qu’ils avanceront cachés derrière le masque de l’objectivité, nous ne serons que dans le mensonge et la manipulation. En ouvrant le Figaro, on sait sur quel type d’article on va tomber. En ouvrant l’Humanité, de même. En ouvrant le Monde Diplomatique, pareil. Mais dans la presse ou les médias « non engagés », c’est un mensonge permanent. Les journalistes se mentent à eux-mêmes et mentent aux lecteurs-spectateurs. La bouse que nous venons de prendre pour cible le montre assez. Que l’Est Républicain affiche publiquement et une fois pour toute sa couleur politique et la dispute sera déjà plus honnête. Car il n’en est pas à son coup d’essai. Déjà les années passées lors des mobilisations étudiantes et des enseignants-chercheurs contre les réformes de l’Université (visant à détruire et privatiser l’Université, nous le rappelons) ils n’avaient de cesse que de mettre l’accent sur le « blocage » et les « examens » (cf. ici, en bas de la page). Les réformes ? Quelles réformes ? Je me souviens, il y a deux ans, de cette journaliste de France3 Lorraine qui était venue nous voir pour savoir si la fac était bloquée et si oui, jusque quand. S’est-elle posé la question de savoir POURQUOI la fac était bloquée ? Nooooon car voyez-vous ça n’intéresse pas les français. Insistons bien plutôt sur le fait que la fac de Lettres est bloquée, ça sera amplement suffisant pour montrer que, décidément, ces étudiants ne sont vraiment rien d’autres que des fainéants. Les premières lignes de ce texte de merde montrent assez combien que l’Est Républicain propage une telle vision du monde.
Mais pire encore. Non content de taper sur la fac de Lettres, le "journaliste inconnu" s’en va « glorifier », par contraste, les étudiants en classe prépas et en médecine. Non content de propager un cliché négatif, il en propage un « positif » : les classes prépas et la première année de médecine, voilà des formations qu’elles sont supers ! En voilà une belle illustration du chien de garde! Car en faisant cela, ce n’est pas seulement les filières littéraires et des sciences humaines qu’il attaque, c’est les filières bourgeoises qu’il défend. Autrement dit, son commentaire est plus qu’une simple insulte. C’est un message démontrant, s’il en était besoin, la servilité du journalis-t-m-e (choisissez) à la bourgeoisie. Qui va en classe prépas ? Qui va en médecine ? Les fils de bourgeois en grande partie. Qui va en fac de Lettre ? Les populations plus modestes. Et oui, ça c’est de l’analyse ! Ça c’est une information. Ça, ça devrait apparaitre dans les articles réalisés avec un sérieux journalistique. Les facultés de Lettres et de Sciences Humaines sont celles qui acceptent ou attirent le plus les étudiants issus de milieux défavorisés. Ce sont les seules facs qui n’apparaissent pas à ces populations comme « réservées » à « l’élite ». Voilà pourquoi la bourgeoisie au pouvoir n’a de cesse de frapper ces établissements, établissements de pauvres, de chômeurs, de fumeurs de haschich, d’alcooliques etc. C’est un véritable racisme de classe qui transparait alors et qui transparait dans cet article. Et la voilà, la véritable information.

Ces journalistes sont des ennemis de classe. Qu’on se le dise et qu’on agisse en conséquence.



A l'attention du photographe: Son seul nom apparaissant sur l'article, j'ai d'abord cru qu'il était responsable aussi bien de la photo que du commentaire incriminé. Il s'avère que ce n'est pas le cas et que je l'ai un peu trop vite accusé. Je m'en excuse. Néanmoins, je reste très suspicieux sur le fait que l'on puisse venir à la fac de Lettres, prendre une photo et s'en aller, sans n'avoir jamais l'idée d'un commentaire à faire sur cette photo. Car pour prendre une photo, il faut juger la scène intéressante pour une raison particulière. Or, cette raison à toutes les chance d'être exprimée dans un commentaire. Autrement dit, je doute fortement que le photographe n'ait rien à voir dans cette affaire, avec le commentaire, ne serait-ce parce que le photographe n'est pas réductible à son appareil photo...

samedi 3 avril 2010

Soutien.


Mélenchon: Les journalistes sont de "petites cervelles"
envoyé par ecoledejournalisme. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

J’aime bien Jean-Luc Mélenchon. Je parle ici de l’homme, de son caractère et moins du camp politique qu’il représente (même si je préfère le Parti de Gauche à tout ce qu’il y a à sa droite). Dernièrement, on l’a vu dans une vidéo qui a fait grand bruit. On y voyait Mélenchon engueuler un étudiant en journalisme parce que celui-ci tenait absolument à ce qu’il se prononce sur un sujet qu’il jugeait (à raison) peu intéressant. Les critiques de Mélenchon se portèrent sur l’étudiant-journaliste mais allèrent jusqu’à la corporation journalistique elle-même. Alors bien sur que cela est excessif et qu’il est stupide de dire que « les journalistes, c’est tous les mêmes ». Néanmoins, il convient de s’interroger sur l’abus de langage de Mélenchon plutôt que de le condamner bêtement comme beaucoup de gens le font. Qu’àavoulu dire le chef du PG ? Quelle est sa critique ? Est-elle fondée ou non ?

En fait, sous le coup de la colère, ce que Mélenchon exprime de manière exagérée, c’est une chose qu’il a dite et qu’il dit régulièrement : les journalistes et le journalisme en général, forme(nt) l’opinion publique. Si « l’opinion public n’existe pas » en tant que telle pour Bourdieu, il n’en reste pas moins que le discours produit par les journalistes n’est pas sans conséquence. Or, ce que révèle la vidéo, c’est moins la pensée de Mélenchon (se méfier des journalistes qui ont un pouvoir qui les dépasse et qu’ils ne maitrisent pas) que l’illustration de la justesse de cette pensée (ce qui énerve Mélenchon puisqu’il considère problématique cet immense pouvoir des médias). L’illustration en question consiste à faire parler un homme politique dont les sujets de prédilections sont très politiques (au sens restreint cette fois, c’est-à-dire politique politicienne mais aussi, projet politique, propositions etc.) sur un sujet qui ne l’est pas (ou moins) : les maisons closes. Il est vrai que ce sujet peut être un sujet politique, peut être traité politiquement. Mais ça, ni le journaliste, ni Mélenchon, ni les politiques en général ne le font.


-Ouvrons ici une parenthèse. La plupart des sujets peuvent être traités de façon politique car la plupart des sujets sont politiques. En effet, il se trouve que tout sujet peut être appréhendé de telle sorte qu’il devient un enjeu politique. Nous l’avons bien vu avec la morale : alors que ceci peut et est souvent du ressort du privé, de l’individuel, on en vient facilement à la rendre politique. Mais cela est vrai également de sujets plus « anodins » comme la chirurgie esthétique, l’alimentation, les études, l’habitat… Tous ces sujets peuvent être appréhendés sous un point de vue politique en ceci qu’ils peuvent tous être inclus dans une problématique politique (exemple : la chirurgie esthétique doit-elle être remboursée par la sécurité sociale ? le fait que les pauvres mangent moins bien que les riches doit-il être une préoccupation politique ? les programmes de formation, d’enseignements doivent-ils répondre à une demande du monde du travail ou doivent-il avoir pour but l’émancipation de l’individu ? peut-on construire sa maison comme on veut ? etc.). Bien souvent, lorsqu’on parle de ces sujets, on adopte implicitement une réponse à ces questions si bien que notre propos est, d’un certain point de vue, politique : il signe un engagement dans tel ou tel camp. La philosophie de combat doit s’employer à montrer et à révéler dans quel camp se situe tel discours apparemment neutre et de bon sens. En disant que tout est politique, nous invitons le lecteur à se méfier voire à refuser les discours « objectifs », « neutres », « apolitiques ». La politique est partout, y compris et surtout dans les sujets qui en paraissent fort éloignés.-


Revenons à notre problématique des maisons closes. Assurément, Mélenchon aurait pu le traiter. Mais ne lui demandons pas une chose que plus personne ne fait… surtout pas les journalistes ou les politiques d’ailleurs. Et regardons plutôt ce qu’il veut dire. En refusant de parler sur un sujet qu’il considère comme non politique, ce qu’il veut dire, c’est que le journaliste et le journalisme en général, invite les politiques à parler de plus en plus sur des sujet « non-politiques » et, ça, forcément, ça tue la politique. Si encore, les politiques étaient autorisés ou savaient parler «politiquement » de sujets « non-politiques », on pourrait effectivement qualifier l’attitude de Mélenchon de complètement absurde et la condamner à raison. Mais ce n’est évidement pas le cas. Car que ce serait-il passé si Mélenchon avait accepté de répondre aux questions du journaliste ? Soit il aurait dit des choses bateaux, des poncifs (ce qui est probable étant donné l’absence de réflexion politique sur les sujets qui ne le sont naïvement pas), soit (et c’est moins probable) il en aurait parlé de manière politique et le journaliste l’aurait coupé en affirmant que « ça n’intéresse pas les français ». Et voilà bien le problème et ce que reproche Mélenchon au journaliste. C’est moins le sujet que la façon dont le journaliste demande qu’on le traite que Mélenchon condamne et refuse. Le reproche que nous faisons à Mélenchon est trop général et il ne serait pertinent que si le reproche que ce dernier fait au journaliste n’avait plus lieu d’être. Car le problème principal et premier, c’est le refus du journaliste de parler de politique (au sens restreint). Si nous affirmons que Mélenchon a tord comme beaucoup de mépriser beaucoup de sujets car, contrairement à eux, nous pensons qu’ils sont politiques (dans un sens large), nous condamnons à plus forte raison le journaliste qui refuse d’entendre parler de politique au sens large ET restreint.

Que vaut se reproche ? Est-il fondé ? Dans son caractère général, bien sur que non. Des journalistes un peu sérieux comme ceux du Diplo sont de parfaits contre-exemples et Mélenchon le sait. Dans ce journal, on montre justement comment des sujets « apolitiques » ont une face politique (au sens large et restreint). Mais, inversement, peut-on dire que le reproche que fait Mélenchon au journalisme est totalement infondé ? Les journalistes sont-ils tous du même acabit que ceux du Monde Diplomatique ? Bien sur que non. Serge Halimi, journaliste lui-même (mais au Diplo justement) en est parfaitement conscient. Dans son ouvrage Les nouveaux chiens de gardes, il montre comment l’immense majorité des journalistes se montre de servile et accepte de soutenir, de diffuser et de présenter l’idéologie des classes dominantes, le capitalisme et, plus précisément, le néo-libéralisme. Il révèle par conséquent que, contrairement à ce que croient (sincèrement en plus !) la grande majorité des journalistes, ils sont loin d’être impartiaux voire loin d’être libres. Mais ça, c’est un discours absolument inaudible pour elle. Ecoutez un peu comment Demorand sur Inter le matin se révolte quant un auditeur ou un invité attaque les journalistes, affirme qu’ils ne sont pas si indépendants que ça. C’est assez effarant alors que les preuves ne manquent pas. Ce que Serge Halimi montre moins mais qui n’est pas moins faux, c’est comment les journalistes façonnent l’opinion public, ou plutôt comment leurs discours pénètrent les esprits. Il faudrait développer ici les thèses de Chomsky ou de Bourdieu pour parfaitement expliquer cela. Nous nous contenterons d’inviter le lecteur à regarder les différences entre les sujets traités par les grands quotidiens et les journaux en général d’une part, et ceux traités par le Monde Diplomatique (par exemple) d’autre part. Dans le premier cas, les sujets sont toujours les mêmes, traités globalement de la même façon, avec les mêmes questions, les mêmes problématiques, les mêmes angles de vues. Un exemple frappant de conformité est le recours et l’utilisation des « sondages ». Que seraient les journaux sans les sondages ? Car lorsqu’une agence de sondage publie les résultats d’une étude montrant que si la présidentielle avait lieu aujourd’hui Aubry l’emporterait face à Sarko, quel soulagement pour nos médias : voilà quelque chose « qui intéresse les français » à raconter.

Ce dont les journalistes ne se rendent pas compte c’est qu’a force de se dire, de se répéter et de ne traiter que de sujets qui, croient-ils, « intéressent les français », ils façonnent un ensemble de problématiques, de sujets, de thèmes qui définiront de manière durable les problématiques, les sujet et les thèmes « qui intéressent les français ». Si l’opinion publique n’existe pas, c’est en ce sens : elle n’existe pas indépendamment de ce qu’en font les journalistes. La thèse journaliste d’une opinion publique est auto réalisatrice. Ce n’est pas l’opinion publique qui est a priori mais le corpus idéologique journalistique. Et à force de répéter, de rabâcher toujours les mêmes choses, ce corpus en vient à imprimer sa marque dans les esprits, construisant alors une opinions publique et un ensemble de choses « qui intéressent les français ». Nous y reviendront mais, par exemple, l’idée selon laquelle l’horizon indépassable de l’humanité est le capitalisme (There is no alternative, TINA), n’est pas une idée partagée par « les français » en raison de sa prétendue évidence. Si elle se retrouve majoritaire aujourd’hui, c’est que tout ce qui pourrait prouver l’inverse est systématiquement balayé par les médias et ce qui pourrait l’appuyer est retenu.


En conclusion donc, nous soutenons Mélenchon dans son attaque du journalisme car il met les pieds dans le plat. Nous le soutenons d’autant plus qu’en tant qu’homme politique et donc dépendant en grande partie de son image, de sa possibilité à développer et à faire entendre son discours, il est dépendant de ce qu’il critique. D’une certaine manière, Mélenchon se tire une balle dans le pied mais c’est assez salutaire.

Nous condamnons en revanche tous les individus, journalistes, notamment qui, loin de profiter de cette affaire pour se remettre en question, vont encore couiner que leur profession est toujours attaqué alors qu’ils sont gentils, libres et impartiaux. Partant, ceux qui les critiquent sont certainement des nazis qui en veulent à la liberté de la presse. Nous les invitons à sortir de leur bulle journalistique pour lire des ouvrages les concernant. Prendre un peu de recul sur ce qu’on est, voilà le véritable gage de liberté car connaitre sa conditions, c’est déjà connaitre ses limites. Mais il est vrai qu’entre faire cela et commenter le dernier sondage donnant Aubry gagnante contre Strauss-Kahn aux primaires socialistes, y’a pas photo…

lundi 29 mars 2010

Encore un argument moisi...


Dans la série des arguments qui n’en sont pas, il en est un tout aussi récurrent que l’argument moral ou sur la « nature humaine » (sur laquelle nous ne tarderons pas à revenir tant il est fréquent). Pour le saisir prenons cette petite anecdote : ce week-end, on m'a dit qu’Olivier Besancenot n’était pas crédible parce qu’il portait des Nike…
D'abord, il est clair qu'O.B. ne s'habille pas comme il s'habille parce qu'il est "au delà de ça". Si porter un costume pouvait être bénéfique au projet du NPA, O.B. mettrait un costume. Si ce n'est pas le cas, si, comme Arlette, il se pointe souvent en jean et simple chemise, c'est pour faire passer un message. En ceci, il ne diffère pas fondamentalement de la raison pour laquelle les autres personnalités politiques préfèrent s'accoutrer de telle ou telle façon: la forme, c'est déjà du fond et porter tel ou tel vêtement, c'est déjà dire telle ou telle chose. En l'occurrence le message, d'O.B. (et du NPA qu'il représente) consiste à dire qu'il n'y a pas besoin "d'avoir un costard-cravate" pour faire de la politique. Autrement dit, tout le monde peut le faire, à plus ou moins grande échelle, de manière plus ou moins forte. Mais avons-nous tout dit ? La politique (du NPA) peut-elle être totalement incarnée, instanciée ? Peut-on transcrire le projet anticapitaliste dans un vêtement ? Y’a-t-il une tenue anticapitaliste ? Assurément non et cela pour deux raisons. D’abord, un vêtement, même s’il peut être porteur de certaines choses (idées, valeurs, références) ne suffit évidemment pas à résumer et exprimer un projet politique. Quelle est la politique, en matière de santé, du jogging et en quoi diffère-t-elle de celle du mi-bas ? Cela n’a pas de sens. La deuxième raison est plus intéressante.

En réalité ce qu’on m’a fait remarquer en me disant qu'O.B. portait des Nike, c’est qu’il portait des produits de la société de consommation, de la société capitaliste qu’il dénonce. En faisant cela, m’assurait-on, il se discrédite. L’argument est en réalité une variante de l’argument moral : l’individu doit commencer par se changer lui-même, par être exemplaire, s’il veut prétendre changer la société. Cette idée est une énorme bêtise en soi et stratégiquement.
En soi, c’est placer la question politique sur le terrain de la morale. Or, cela, nous l’avons montré, c’est ne rien comprendre à la politique. Stratégiquement, la bêtise en est qu’il est évident qu’il n’est pas besoin d’être « parfait » ni exemplaire pour changer le monde. Je doute fort que les personnes ayant provoqué de grands changements ou même, celles qui accèdent aux responsabilités soient des personnes d’une vertu supérieure. Ce qui compte en politique, ce n’est pas la moralité mais le projet. Mais plus intéressant est encore l’idée selon laquelle un anticapitaliste devrait être l’incarnation du projet anticapitaliste : il ne devrait pas porter de vêtement de marques parce que les marques c’est capitaliste, il ne devrait pas avoir de voiture parce qu’une voiture c’est fabriqué par des ouvriers exploités, il ne devrait pas manger de hamburger chez McDo’ parce que McDo’ est capitaliste, il ne devrait pas voter parce que le vote s’inscrit dans une république bourgeoise, il ne devrait pas partir en vacances parce que le tourisme provoque de nombreuses situations que l’anticapitaliste ne peut que réprouver, il devrait manifester plutôt le week-end parce que, quand on tient à une cause, le jour ne compte pas, il ne devrait pas passer dans les médias parce que ceux-ci sont tenus par les capitalistes etc. La liste est infinie mais on pourrait finalement la résumer ainsi : « Un capitaliste ne devrait ne rien faire qui ait un rapport avec la société capitaliste qu’il dénonce » ou encore « l’anticapitaliste devrait vivre hors du système qu’il dénonce ». Mais c’est probablement l’idée la plus absurde et naïve qui soit : on NE PEUT PAS vivre en dehors du système. Par définition, un système est total, global. Toute entreprise de séparation totale est vouée à l’échec car tôt ou tard, nous devrons nous confronter à lui. Un système succède à un autre. La cohabitation de deux système différent ne fonctionne pas car, inévitablement, l'un fini par supplanter l'autre dans un mécanisme de lutte pour la domination. Si l’anticapitaliste n’a pas à être un modèle de vertu car la question politique n’est pas morale, il n’a pas non plus à exemplifier « l’Homme de la société anticapitaliste » car cet Homme n’est pas a priori, mais la résultante d’un ensemble de conditions qui, si elles ne sont pas, empêchent cet individu d’advenir. L’anticapitaliste d’aujourd’hui est un anticapitaliste « capitaliste » parce qu’il ne peut pas ne pas jouer le jeu du capitalisme, prisonnier qu’il est de cette société.
Qu’O.B porte de Nike ou pas, qu’est-ce que ca montre, qu’est-ce que ca change ? Il pourrait porter des Adidas ou des godasses « made in France » le monde ne s’en trouverait pas meilleur. De plus, est-ce une preuve d’une quelconque caution du système ? Non, c’est une preuve des conditions dans lesquelles il vit. Et on touche là au véritable point important. La tenue, en plus d’être porteuse d’un message, est aussi porteuse des conditions de vie dans lesquelles évolue l’individu qui la porte. Aujourd’hui, toutes les conditions de vie ont un point commun : elle se trouve dans une société capitaliste. Mais puisqu’il existe différentes propositions et projets politiques, puisqu'il existe plusieurs tenues donc plusieurs messages, il est plus pertinent de s’attacher aux différences non ? Ce qui distingue les conditions de vie, c’est le niveau de ces conditions, c’est-à-dire la classe sociale à laquelle appartient celui qui porte tel ou tel vêtement. En d’autres termes, il y a point commun entre O.B. et Sarkozy, c’est qu’ils ont tous les deux (mais comme tout le monde en vérité) des conditions d’existences produites par le système capitaliste dans lequel ils vivent (le premier porte des Nike, l’autre des tailleurs de luxe). Mais cela est une conséquence évidente de la définition de système. Ce qui est plus pertinent, c’est de s’attacher aux différences : le premier porte des chaussures qui traduisent un niveau de vie moyen, l’autre parte un costume traduisant un haut niveau de vie. En un mot, la tenue indique moins la cohérence d’un projet que l’appartenance à une certaine classe sociale.
Aussi, l’objection ne tient pas. Tout ce que l’on dit en disant qu’ « Olivier Besancenot porte des Nike », c’est qu’il vit dans un système capitaliste et, peut-être, qu’il n’a pas les moyens de se payer des Chanel, désolé. Y voir un manque de cohérence, c’est être de mauvaise foi ou être bien naïf.

Pour autant, est-ce à dire que la question « morale » ne se pose jamais ? Peut-on se permettre de vivre en bon capitaliste et se dire anticapitaliste ? Non, et il est vrai que certains actes ne peuvent que difficilement coller avec l’idéologie anticapitaliste (spéculer en bourse semble un de ces actes). Mais nous voulons pour l’instant dire que cette question doit être secondaire si nous ne voulons pas tomber dans la conception de la politique comme une généralisation d’une morale particulière. Quant à « l’éthique anticapitaliste », nous y reviendrons plus tard même si nous avons déjà évoqué, en négatif, quelques pistes…

vendredi 26 mars 2010

Le grand mystère de l'Univers

Il existe des choses dans ce monde qui sont si absurdes et si confuses qu'elles semblent échapper à toute logique explicative...
Que peut l'Homme de Gauche face à une telle bêtise? Espérer qu'elle ne se développe pas...



"Touche pas à mon Zemmour"
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dimanche 21 mars 2010

Ce que nous apprend "Réforme sociale ou Révolution ?".

Alors que les « socialistes » vont d’ici quelques heures crier victoire suite aux élections régionales et que la presse titrera demain » Une victoire de la Gauche » (ou quelque chose comme ça, il me parait de plus en plus urgent de poser, montrer et démontrer une fois pour toute que le P « S » n’est pas (ou plus) un partit de « gauche ». Enfin « démontrer » serait un peu long et je propose donc de donner les grandes lignes d’une véritable démonstration à laquelle je vous renvoie si vous vous voulez vraiment avoir tous les détails. Cette démonstration se trouve dans l’écrit de Rosa Luxembourg, Réforme sociale ou Révolution ? .

Quel est donc son propos ? Écrit à la fin du XIXe siècle, Réforme sociale ou Révolution ? est une réponse aux thèses d’Eduard Bernstein pour qui il faut rompre avec le marxisme. Cette volonté de rupture s’explique par le fait qu’il voit dans bon nombre d’élément (le crédit, les coopératives, la résistance aux crises économiques) non seulement la réfutation des thèses de Marx quant à l’effondrement prochain du capitalisme, mais encore son adaptation aux contradictions dénoncées. Autrement dit, loin de s’effondrer rapidement parce que colosse aux pieds d’argile, le capitalisme est souple et capable de surmonter ses contradictions. Aussi, la tâche du Parti doit changer : il ne s’agit plus pour lui de provoquer et d’organiser une Révolution pour dépasser le capitalisme et faire advenir le Communisme, il doit désormais « s’adapter à l’adaptation » et devenir un parti dont le but sera d’arriver au même but par des vois pacifiques et réformistes. La Révolution n’ayant de sens que parce que le Capitalisme était censé être incapable de se dépasser lui-même « en douceur », si cela s’avère possible, il faut en passer par là.
Ce n’est pas seulement parce que une telle thèse rompt avec nombre de principes marxistes que Rosa Luxembourg répond violemment à Bernstein : c’est parce qu’elle nie toute la pensée dialectique à l’œuvre dans les travaux de Marx et donc, ce qui fonde le socialisme. La logique de Bernstein poussée jusqu’au bout devrait donc aboutir à nier le but même du Parti : à quoi bon faire advenir le socialisme si le capitalisme est finalement tout à fait viable ?
En réalité, la critique de Luxembourg est double. D’une part elle critique ce que Bernstein prend pour des preuves d’adaptations du capitalisme en montrant que, loin d’êtres des facteurs résolvant les contradictions, ils les accentuent silencieusement, comme on tendrait encore un peu plus un élastique sur le point de casser (tel est le système du crédit qui fournit plus de souplesse au système financier mais à des répercussion très graves en cas de crise). Ou alors, ces éléments sont non viables et sont de simples tentatives de « tempérer » des contradictions trop violentes (telles sont les coopératives dans lesquelles les ouvriers ont l’impression de posséder les moyens de productions mais, parce qu’ils se trouvent au sein d’un système capitaliste, ne peuvent pleinement jouir de ce fait ce qui rend ce « progrès » tout à fait factice). D’autre part, la critique se fonde sur l’idée même que le capitalisme puisse muter petit à petit en un système socialiste. Il est certes possible de créer des aménagements, de nouveaux droits, de nouvelles lois, limitant les effets dévastateurs du Capital mais ces aménagements seront toujours limités. Le problème n’est pas légal : il est structurel. Or, la structure est au-delà des lois, elles les englobent voire les cause. Il n’est pas possible de changer les fondements d’une société par des lois puisque celles-ci sont l’effet des fondements et non l’inverse. Si une loi semble renverser un fondement alors c’est que le fondement en question est déjà renversé ou qu’il ne s’agit pas d’un fondement. Mais le pire reste que le projet socialiste est indissociable de la Révolution. Aussi, il semble bien qu’abandonnant ce moyen, il en oublie la fin. Même si Bernstein ne le dit pas explicitement, il doit être contraint, de par le fait que tout se tient, d’abandonner le socialisme et donc de trahir la cause ouvrière…
En bref, selon Luxembourg, vouloir renverser ainsi le système est tout aussi utopique que vouloir le renverser par une révolution violente orchestrée par un petit groupe d’individus et sans prise en compte du contexte. Autrement dit, le « socialisme » de Bernstein est aussi fautif que le « gauchisme » de Blanqui en ceci que tous les deux, en omettant systématiquement des données essentielles, sont obligés de trahir le projet socialiste. La démonstration est plus complexe que cela et fait appelle à la théorie marxiste dont je vous épargnerais aujourd’hui les détails (ne serait-ce parce que je ne l’ai plus en tête). Mais revenons à aujourd’hui voulez-vous ?

Bernstein marque un tournant dans la pensée de gauche : à la Révolution, il substitue le réformisme. Comme nous l’avons vu, cela est déjà hautement contestable mais il parait honnête de dire que Bernstein ne voulait pas abandonner le Socialisme. Si cela est une conséquence logique de ce qu’il propose, il parait probable qu’ayant vu cela, il se serait ravisé. Et combien même cela n’aurait pas été le cas, admettons le. Mais aujourd’hui, le Parti « Socialiste », qui se réclame de la social-démocratie (théorie que défend Luxembourg : aller dans les institutions oui, mais sans perdre l’objectif révolutionnaire de vue) a abandonné clairement l’idée même du socialisme. Dès lors, si la tendance réformiste suffisait pour faire des sociaux-démocrates à la Bernstein des « socio-traitres », que devrait-on dire des ces « sociaux-démocrates » qui nient consciemment (à l’inverse de Bernstein) le but socialiste ? Sont-ce encore de véritables sociaux-démocrates ? On pouvait encore croire à une faute d’inattention chez Bernstein et ses partisans mais aujourd’hui, franchement ? Se déclarant pour une « économie mixte » dont on voit mal la cohérence et dont il est fort probable qu’elle soit une chimère sans nom, les « socialistes » d’aujourd’hui sont encore bien pires que les socialistes du début XXe dont ils se réclament pourtant. En effet, qu’est-ce donc que ce projet sinon l’expression éclatante d’une absence TOTALE de références théoriques et une vision TOTALEMENT pragmatique et opportuniste de la politique, choses déjà dénoncées par Rosa Luxembourg à l’époque ? Si Bernstein était un « traitre inconscient », que dire des « socialistes » aujourd’hui ? Bernstein avait un minimum de références théoriques en se basant sur un semblant de marxisme. Mais sur quelle base repose le projet du parti « socialiste » aujourd’hui ? Aucun. Dès lors, peut-on faire confiance à un parti, à un projet qui ne sait ni d’où il vient ni où il va ayant perdu voire abandonné sa boussole depuis longtemps ?

Définitivement, s’il est possible de soutenir que Bernstein représentait une gauche « dégénérée », il doit nous être évident aujourd’hui que le P « S » est pire que cela : le P « S » est un parti bourgeois.

vendredi 19 mars 2010

Qu'il ne faut pas confondre "fin du monde" et "fin du capitalisme"

Il y a quelques semaines, il a fallu, une fois de plus, que j’explique à l’un (au moins) de mes amis pourquoi, contrairement à lui, je ne faisais pas confiance au P « S » et pourquoi les positions du NPA (entre autres) étaient loin d’être absurdes. Étudiant la finance et s’y destinant, il insista pour que nous en venions à parler du programme « économique » du NPA (mais les objections qu’il apporta auraient valu pour n’importe quelle organisation véritablement de gauche).

Bref, je vous passe les détails mais l’un des arguments fut de dire que les propositions en matière de finance économie de l’extrême gauche aboutiraient ni plus ni moins à… détruire la finance actuellement conçue. Sur le coup je n’ai pas réagi probablement absorbé un peu trop vite dans le tableau dramatique qu’il me peigna alors d’une société dépourvue d’une telle finance. Et puis, en y repensant, je me suis dit que ce qu’il venait de me dire, c’était ni plus ni mois que les propositions anticapitalistes étaient… anticapitalistes !

C’est alors que je compris combien, très souvent au cours d’une discussion politique, le débat peut être faussé par des éléments qui n’ont rien à faire là. Il y a bien sur la morale mais aussi l’absence de compréhension du fait que la grande majorité de ce qui existe aujourd’hui est le produit d’une société capitaliste et que, soutenir qu’il faut en finir avec le capitalisme, c’est en finir avec bons nombres de choses qui constituent notre société. Elles le constituent à un degré tel qu’elles nous paraissent naturelles et nécessaires et que vouloir les supprimer c’est A COUP SUR plonger l’humanité dans la guerre la plus noire qui soit, un retour à l’état sauvage, à l’état de nature.

Ceci démontre à quel point le manque de culture et d’analyse politique (entendue dans un sens large) peut être un obstacle à la conceptualisation d’une société non capitaliste et à un débat un peu sérieux. En se faisant passer pour naturel, le capitalisme a également fait passer ses productions et effets pour naturels alors qu’ils ne sont que contingence. Il faut donc prendre garde à bien identifier ce qui relève de la société capitaliste (beaucoup de choses) et de ce qui tient de la nature (quasiment rien) afin de ne pas se laisser arrêter par un argument voyant dans la disparition d’un élément contingent (mais nécessaire, bien souvent au capitalisme), celle d’une condition nécessaire d’existence de l’Humanité.

J’invite donc mes lecteurs à se méfier lorsque, dans un débat à teneur politique, l’un des protagonistes affirme que telle idée conduit à la destruction du monde. Il convient alors de se demander si ce monde dont il parle, ce ne serait pas le monde capitaliste…