lundi 29 mars 2010

Encore un argument moisi...


Dans la série des arguments qui n’en sont pas, il en est un tout aussi récurrent que l’argument moral ou sur la « nature humaine » (sur laquelle nous ne tarderons pas à revenir tant il est fréquent). Pour le saisir prenons cette petite anecdote : ce week-end, on m'a dit qu’Olivier Besancenot n’était pas crédible parce qu’il portait des Nike…
D'abord, il est clair qu'O.B. ne s'habille pas comme il s'habille parce qu'il est "au delà de ça". Si porter un costume pouvait être bénéfique au projet du NPA, O.B. mettrait un costume. Si ce n'est pas le cas, si, comme Arlette, il se pointe souvent en jean et simple chemise, c'est pour faire passer un message. En ceci, il ne diffère pas fondamentalement de la raison pour laquelle les autres personnalités politiques préfèrent s'accoutrer de telle ou telle façon: la forme, c'est déjà du fond et porter tel ou tel vêtement, c'est déjà dire telle ou telle chose. En l'occurrence le message, d'O.B. (et du NPA qu'il représente) consiste à dire qu'il n'y a pas besoin "d'avoir un costard-cravate" pour faire de la politique. Autrement dit, tout le monde peut le faire, à plus ou moins grande échelle, de manière plus ou moins forte. Mais avons-nous tout dit ? La politique (du NPA) peut-elle être totalement incarnée, instanciée ? Peut-on transcrire le projet anticapitaliste dans un vêtement ? Y’a-t-il une tenue anticapitaliste ? Assurément non et cela pour deux raisons. D’abord, un vêtement, même s’il peut être porteur de certaines choses (idées, valeurs, références) ne suffit évidemment pas à résumer et exprimer un projet politique. Quelle est la politique, en matière de santé, du jogging et en quoi diffère-t-elle de celle du mi-bas ? Cela n’a pas de sens. La deuxième raison est plus intéressante.

En réalité ce qu’on m’a fait remarquer en me disant qu'O.B. portait des Nike, c’est qu’il portait des produits de la société de consommation, de la société capitaliste qu’il dénonce. En faisant cela, m’assurait-on, il se discrédite. L’argument est en réalité une variante de l’argument moral : l’individu doit commencer par se changer lui-même, par être exemplaire, s’il veut prétendre changer la société. Cette idée est une énorme bêtise en soi et stratégiquement.
En soi, c’est placer la question politique sur le terrain de la morale. Or, cela, nous l’avons montré, c’est ne rien comprendre à la politique. Stratégiquement, la bêtise en est qu’il est évident qu’il n’est pas besoin d’être « parfait » ni exemplaire pour changer le monde. Je doute fort que les personnes ayant provoqué de grands changements ou même, celles qui accèdent aux responsabilités soient des personnes d’une vertu supérieure. Ce qui compte en politique, ce n’est pas la moralité mais le projet. Mais plus intéressant est encore l’idée selon laquelle un anticapitaliste devrait être l’incarnation du projet anticapitaliste : il ne devrait pas porter de vêtement de marques parce que les marques c’est capitaliste, il ne devrait pas avoir de voiture parce qu’une voiture c’est fabriqué par des ouvriers exploités, il ne devrait pas manger de hamburger chez McDo’ parce que McDo’ est capitaliste, il ne devrait pas voter parce que le vote s’inscrit dans une république bourgeoise, il ne devrait pas partir en vacances parce que le tourisme provoque de nombreuses situations que l’anticapitaliste ne peut que réprouver, il devrait manifester plutôt le week-end parce que, quand on tient à une cause, le jour ne compte pas, il ne devrait pas passer dans les médias parce que ceux-ci sont tenus par les capitalistes etc. La liste est infinie mais on pourrait finalement la résumer ainsi : « Un capitaliste ne devrait ne rien faire qui ait un rapport avec la société capitaliste qu’il dénonce » ou encore « l’anticapitaliste devrait vivre hors du système qu’il dénonce ». Mais c’est probablement l’idée la plus absurde et naïve qui soit : on NE PEUT PAS vivre en dehors du système. Par définition, un système est total, global. Toute entreprise de séparation totale est vouée à l’échec car tôt ou tard, nous devrons nous confronter à lui. Un système succède à un autre. La cohabitation de deux système différent ne fonctionne pas car, inévitablement, l'un fini par supplanter l'autre dans un mécanisme de lutte pour la domination. Si l’anticapitaliste n’a pas à être un modèle de vertu car la question politique n’est pas morale, il n’a pas non plus à exemplifier « l’Homme de la société anticapitaliste » car cet Homme n’est pas a priori, mais la résultante d’un ensemble de conditions qui, si elles ne sont pas, empêchent cet individu d’advenir. L’anticapitaliste d’aujourd’hui est un anticapitaliste « capitaliste » parce qu’il ne peut pas ne pas jouer le jeu du capitalisme, prisonnier qu’il est de cette société.
Qu’O.B porte de Nike ou pas, qu’est-ce que ca montre, qu’est-ce que ca change ? Il pourrait porter des Adidas ou des godasses « made in France » le monde ne s’en trouverait pas meilleur. De plus, est-ce une preuve d’une quelconque caution du système ? Non, c’est une preuve des conditions dans lesquelles il vit. Et on touche là au véritable point important. La tenue, en plus d’être porteuse d’un message, est aussi porteuse des conditions de vie dans lesquelles évolue l’individu qui la porte. Aujourd’hui, toutes les conditions de vie ont un point commun : elle se trouve dans une société capitaliste. Mais puisqu’il existe différentes propositions et projets politiques, puisqu'il existe plusieurs tenues donc plusieurs messages, il est plus pertinent de s’attacher aux différences non ? Ce qui distingue les conditions de vie, c’est le niveau de ces conditions, c’est-à-dire la classe sociale à laquelle appartient celui qui porte tel ou tel vêtement. En d’autres termes, il y a point commun entre O.B. et Sarkozy, c’est qu’ils ont tous les deux (mais comme tout le monde en vérité) des conditions d’existences produites par le système capitaliste dans lequel ils vivent (le premier porte des Nike, l’autre des tailleurs de luxe). Mais cela est une conséquence évidente de la définition de système. Ce qui est plus pertinent, c’est de s’attacher aux différences : le premier porte des chaussures qui traduisent un niveau de vie moyen, l’autre parte un costume traduisant un haut niveau de vie. En un mot, la tenue indique moins la cohérence d’un projet que l’appartenance à une certaine classe sociale.
Aussi, l’objection ne tient pas. Tout ce que l’on dit en disant qu’ « Olivier Besancenot porte des Nike », c’est qu’il vit dans un système capitaliste et, peut-être, qu’il n’a pas les moyens de se payer des Chanel, désolé. Y voir un manque de cohérence, c’est être de mauvaise foi ou être bien naïf.

Pour autant, est-ce à dire que la question « morale » ne se pose jamais ? Peut-on se permettre de vivre en bon capitaliste et se dire anticapitaliste ? Non, et il est vrai que certains actes ne peuvent que difficilement coller avec l’idéologie anticapitaliste (spéculer en bourse semble un de ces actes). Mais nous voulons pour l’instant dire que cette question doit être secondaire si nous ne voulons pas tomber dans la conception de la politique comme une généralisation d’une morale particulière. Quant à « l’éthique anticapitaliste », nous y reviendrons plus tard même si nous avons déjà évoqué, en négatif, quelques pistes…

vendredi 26 mars 2010

Le grand mystère de l'Univers

Il existe des choses dans ce monde qui sont si absurdes et si confuses qu'elles semblent échapper à toute logique explicative...
Que peut l'Homme de Gauche face à une telle bêtise? Espérer qu'elle ne se développe pas...



"Touche pas à mon Zemmour"
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dimanche 21 mars 2010

Ce que nous apprend "Réforme sociale ou Révolution ?".

Alors que les « socialistes » vont d’ici quelques heures crier victoire suite aux élections régionales et que la presse titrera demain » Une victoire de la Gauche » (ou quelque chose comme ça, il me parait de plus en plus urgent de poser, montrer et démontrer une fois pour toute que le P « S » n’est pas (ou plus) un partit de « gauche ». Enfin « démontrer » serait un peu long et je propose donc de donner les grandes lignes d’une véritable démonstration à laquelle je vous renvoie si vous vous voulez vraiment avoir tous les détails. Cette démonstration se trouve dans l’écrit de Rosa Luxembourg, Réforme sociale ou Révolution ? .

Quel est donc son propos ? Écrit à la fin du XIXe siècle, Réforme sociale ou Révolution ? est une réponse aux thèses d’Eduard Bernstein pour qui il faut rompre avec le marxisme. Cette volonté de rupture s’explique par le fait qu’il voit dans bon nombre d’élément (le crédit, les coopératives, la résistance aux crises économiques) non seulement la réfutation des thèses de Marx quant à l’effondrement prochain du capitalisme, mais encore son adaptation aux contradictions dénoncées. Autrement dit, loin de s’effondrer rapidement parce que colosse aux pieds d’argile, le capitalisme est souple et capable de surmonter ses contradictions. Aussi, la tâche du Parti doit changer : il ne s’agit plus pour lui de provoquer et d’organiser une Révolution pour dépasser le capitalisme et faire advenir le Communisme, il doit désormais « s’adapter à l’adaptation » et devenir un parti dont le but sera d’arriver au même but par des vois pacifiques et réformistes. La Révolution n’ayant de sens que parce que le Capitalisme était censé être incapable de se dépasser lui-même « en douceur », si cela s’avère possible, il faut en passer par là.
Ce n’est pas seulement parce que une telle thèse rompt avec nombre de principes marxistes que Rosa Luxembourg répond violemment à Bernstein : c’est parce qu’elle nie toute la pensée dialectique à l’œuvre dans les travaux de Marx et donc, ce qui fonde le socialisme. La logique de Bernstein poussée jusqu’au bout devrait donc aboutir à nier le but même du Parti : à quoi bon faire advenir le socialisme si le capitalisme est finalement tout à fait viable ?
En réalité, la critique de Luxembourg est double. D’une part elle critique ce que Bernstein prend pour des preuves d’adaptations du capitalisme en montrant que, loin d’êtres des facteurs résolvant les contradictions, ils les accentuent silencieusement, comme on tendrait encore un peu plus un élastique sur le point de casser (tel est le système du crédit qui fournit plus de souplesse au système financier mais à des répercussion très graves en cas de crise). Ou alors, ces éléments sont non viables et sont de simples tentatives de « tempérer » des contradictions trop violentes (telles sont les coopératives dans lesquelles les ouvriers ont l’impression de posséder les moyens de productions mais, parce qu’ils se trouvent au sein d’un système capitaliste, ne peuvent pleinement jouir de ce fait ce qui rend ce « progrès » tout à fait factice). D’autre part, la critique se fonde sur l’idée même que le capitalisme puisse muter petit à petit en un système socialiste. Il est certes possible de créer des aménagements, de nouveaux droits, de nouvelles lois, limitant les effets dévastateurs du Capital mais ces aménagements seront toujours limités. Le problème n’est pas légal : il est structurel. Or, la structure est au-delà des lois, elles les englobent voire les cause. Il n’est pas possible de changer les fondements d’une société par des lois puisque celles-ci sont l’effet des fondements et non l’inverse. Si une loi semble renverser un fondement alors c’est que le fondement en question est déjà renversé ou qu’il ne s’agit pas d’un fondement. Mais le pire reste que le projet socialiste est indissociable de la Révolution. Aussi, il semble bien qu’abandonnant ce moyen, il en oublie la fin. Même si Bernstein ne le dit pas explicitement, il doit être contraint, de par le fait que tout se tient, d’abandonner le socialisme et donc de trahir la cause ouvrière…
En bref, selon Luxembourg, vouloir renverser ainsi le système est tout aussi utopique que vouloir le renverser par une révolution violente orchestrée par un petit groupe d’individus et sans prise en compte du contexte. Autrement dit, le « socialisme » de Bernstein est aussi fautif que le « gauchisme » de Blanqui en ceci que tous les deux, en omettant systématiquement des données essentielles, sont obligés de trahir le projet socialiste. La démonstration est plus complexe que cela et fait appelle à la théorie marxiste dont je vous épargnerais aujourd’hui les détails (ne serait-ce parce que je ne l’ai plus en tête). Mais revenons à aujourd’hui voulez-vous ?

Bernstein marque un tournant dans la pensée de gauche : à la Révolution, il substitue le réformisme. Comme nous l’avons vu, cela est déjà hautement contestable mais il parait honnête de dire que Bernstein ne voulait pas abandonner le Socialisme. Si cela est une conséquence logique de ce qu’il propose, il parait probable qu’ayant vu cela, il se serait ravisé. Et combien même cela n’aurait pas été le cas, admettons le. Mais aujourd’hui, le Parti « Socialiste », qui se réclame de la social-démocratie (théorie que défend Luxembourg : aller dans les institutions oui, mais sans perdre l’objectif révolutionnaire de vue) a abandonné clairement l’idée même du socialisme. Dès lors, si la tendance réformiste suffisait pour faire des sociaux-démocrates à la Bernstein des « socio-traitres », que devrait-on dire des ces « sociaux-démocrates » qui nient consciemment (à l’inverse de Bernstein) le but socialiste ? Sont-ce encore de véritables sociaux-démocrates ? On pouvait encore croire à une faute d’inattention chez Bernstein et ses partisans mais aujourd’hui, franchement ? Se déclarant pour une « économie mixte » dont on voit mal la cohérence et dont il est fort probable qu’elle soit une chimère sans nom, les « socialistes » d’aujourd’hui sont encore bien pires que les socialistes du début XXe dont ils se réclament pourtant. En effet, qu’est-ce donc que ce projet sinon l’expression éclatante d’une absence TOTALE de références théoriques et une vision TOTALEMENT pragmatique et opportuniste de la politique, choses déjà dénoncées par Rosa Luxembourg à l’époque ? Si Bernstein était un « traitre inconscient », que dire des « socialistes » aujourd’hui ? Bernstein avait un minimum de références théoriques en se basant sur un semblant de marxisme. Mais sur quelle base repose le projet du parti « socialiste » aujourd’hui ? Aucun. Dès lors, peut-on faire confiance à un parti, à un projet qui ne sait ni d’où il vient ni où il va ayant perdu voire abandonné sa boussole depuis longtemps ?

Définitivement, s’il est possible de soutenir que Bernstein représentait une gauche « dégénérée », il doit nous être évident aujourd’hui que le P « S » est pire que cela : le P « S » est un parti bourgeois.

vendredi 19 mars 2010

Qu'il ne faut pas confondre "fin du monde" et "fin du capitalisme"

Il y a quelques semaines, il a fallu, une fois de plus, que j’explique à l’un (au moins) de mes amis pourquoi, contrairement à lui, je ne faisais pas confiance au P « S » et pourquoi les positions du NPA (entre autres) étaient loin d’être absurdes. Étudiant la finance et s’y destinant, il insista pour que nous en venions à parler du programme « économique » du NPA (mais les objections qu’il apporta auraient valu pour n’importe quelle organisation véritablement de gauche).

Bref, je vous passe les détails mais l’un des arguments fut de dire que les propositions en matière de finance économie de l’extrême gauche aboutiraient ni plus ni moins à… détruire la finance actuellement conçue. Sur le coup je n’ai pas réagi probablement absorbé un peu trop vite dans le tableau dramatique qu’il me peigna alors d’une société dépourvue d’une telle finance. Et puis, en y repensant, je me suis dit que ce qu’il venait de me dire, c’était ni plus ni mois que les propositions anticapitalistes étaient… anticapitalistes !

C’est alors que je compris combien, très souvent au cours d’une discussion politique, le débat peut être faussé par des éléments qui n’ont rien à faire là. Il y a bien sur la morale mais aussi l’absence de compréhension du fait que la grande majorité de ce qui existe aujourd’hui est le produit d’une société capitaliste et que, soutenir qu’il faut en finir avec le capitalisme, c’est en finir avec bons nombres de choses qui constituent notre société. Elles le constituent à un degré tel qu’elles nous paraissent naturelles et nécessaires et que vouloir les supprimer c’est A COUP SUR plonger l’humanité dans la guerre la plus noire qui soit, un retour à l’état sauvage, à l’état de nature.

Ceci démontre à quel point le manque de culture et d’analyse politique (entendue dans un sens large) peut être un obstacle à la conceptualisation d’une société non capitaliste et à un débat un peu sérieux. En se faisant passer pour naturel, le capitalisme a également fait passer ses productions et effets pour naturels alors qu’ils ne sont que contingence. Il faut donc prendre garde à bien identifier ce qui relève de la société capitaliste (beaucoup de choses) et de ce qui tient de la nature (quasiment rien) afin de ne pas se laisser arrêter par un argument voyant dans la disparition d’un élément contingent (mais nécessaire, bien souvent au capitalisme), celle d’une condition nécessaire d’existence de l’Humanité.

J’invite donc mes lecteurs à se méfier lorsque, dans un débat à teneur politique, l’un des protagonistes affirme que telle idée conduit à la destruction du monde. Il convient alors de se demander si ce monde dont il parle, ce ne serait pas le monde capitaliste…

CSP, père spirituel de PCCC

Bon, il faut bien rendre à César ce qui appartient à César. Ce serait quelque peut mentir où cacher une information importante au lecteur que de ne pas dire que PCCC aimerait se réclamer « fils spirituel » de CSP. Il ne s’agit pas de rivalité cependant. Nulle prétention ici de rivaliser avec le Meilleur Blog De Gauche, ça serait de toute façon impossible. Et d’ailleurs, il est plutôt question, pour PCCC, de compléter l’entreprise de CSP. Mais pour ceux qui ne sauraient pas ce qu’est CSP (est-ce possible ?), je les invite à aller voir par eux-mêmes en cliquant ici et de lire quelques billets.
Pourquoi parler de CSP ? Probablement parce que sans lui, PCCC n’aurait jamais existé. Il faut dire que c’est après avoir lu quotidiennement les articles de son auteur et surtout les commentaires régulièrement absurdes qu’on y trouve que l’idée m’est venue petit à petit. En effet, il n’était (et n’est pas rare) de retrouver dans ces commentaires tous les poncifs d’une droite décomplexée et d’une gauche molle. Et j’ai presque toujours réussi à me retenir d’y répondre : il aurait pour cela fallu que je rédige moi aussi des commentaires mais surtout que ceux-ci soient trèèèèèèèès longs, que je m’applique à faire une démonstration conséquente et que je réponde aux objections qu’on allait me faire et donc que je refasse d’autres commentaires trèèèèèèèèèèès longs pour expliquer à des andouilles que, non, ce n’est pas le patron qui créé des richesses, que non, le communisme c’est pas les goulags, que oui, le capitalisme ne profite pas à tout le monde, que l’écologie n’est pas nécessairement un truc de bobos, que d’ailleurs « bobos » ne désigne rien de très précis et qu’il est plus pertinent de raisonner en terme de classe etc.
D’un autre coté, il y avait cette propagande quotidienne et ces journalistes qui ne comprennent décidément rien aux idées politiques. Et puis, j’en avais marre de crier « Ta gueule ! » à ma radio ou à ma télé, et de me dire que décidément on était mal parti avec des gens ayant des idées de ce genre.
Et puis, il y eu ce billet de CSP qui fut quelque peut le déclic. Il y parlait de la prolifération des idées d’extrème-droite sur le web (que j’avais constaté par ailleurs) et de l’absence de réaction de la par des individus de gauche. Le web devenait de plus en plus le terrain de jeu des idées les plus absurdes et nauséabondes et personne à gauche ne trouvait rien à redire. Certes, le web reste quelque chose de virtuel mais ça serait se méprendre voire rester au siècle dernier que de considérer qu’il ne s’agit que d’un support quelconque d’information et de diffusion. Le web et partout. Partant, c’est une plateforme redoutable dans la diffusion d’idées politiques…ce qu’avait très bien compris la droite et l’extrême droite. Il fallait donc mener la contre offensive.
Tout ceci mêlé à ce qu’on pourrait appeler des « besoins personnels » (que j’exprimerai probablement plus tard) à fait que j’ai finalement ouvert cette page, ne pouvant plus supporter de rester coi devant tant d’idioties politiques sur la toile.

Que la morale en politique est une mauvaise chose.

Régulièrement, tout ce qui se trouverait à gauche du Parti « Socialiste » est taxé d’irréaliste, d’utopiste, de gauchiste et autre termes un peu creux. Néanmoins, cela révèle une chose assez clairement : il est désormais très dur de penser au-delà de l’horizon du capitalisme. Poser, ou plutôt démontrer que le capitalisme est un mode de production historique dont le dépassement est nécessaire est apparemment absolument impensable pour une immense majorité d’individus et de partis politique, y compris à gauche. Il existe de très nombreuses raisons à cela.

Mais il en est une qui prédomine dans le champ des discussions « de comptoirs », des « débats entre amis » etc. Si ces discussions ne sont pas à l’origine de grandes décisions qui changeront la face du monde il est néanmoins crucial d’y apporter une attention particulière car c’est finalement là que se détermine, se transmet et se reproduit l’idéologie dominante. Si la gauche véritable souhaite un jour faire advenir le projet socialiste, il n’est pas absurde de considérer qu’il y a là un enjeu important. La droite l’a bien compris. Aussi nous abreuve-t-elle « d’arguments » bateaux, naïfs, simples et superficielles via les média de masses afin que nous ayons des raisons de la préférer à une société synonyme de sa propre perte. Mais ce n’est pas là que se trouve la raison principal qui rend inaudible le véritable débat politique (même s’il s’agit bien d’un problème assurément important dont la gauche doit véritablement trouver un remède). Non, ce qui empoisonne le débat politique « de base » c’est la « moralisation de la politique ». Avez-vous déjà remarquez comme il est facile dans ce genre de discussion d’en venir à parler de « liberté », de « nature humaine », de « bonheur » etc. ? Assurément, le fondement d’une politique à une part morale. Si nous souhaitons vivre dans telle société plutôt que dans telle autre, c’est probablement parce que nous avons des raisons de croire que celle-ci sera plus agréable que celle-là. Mais en rester à ce stade est bien naïf et ce, pour au moins deux raisons.

Premièrement, les problématiques politiques ne sont pas des problématiques morales. Il s’agit de « gérer » une société, de prendre des décisions quant aux grands axes à suivre, quant aux buts que l’on souhaite voir advenir. .. mais aussi sur les moyens que l’on se donne (qui décide ? par quel moyen ? comment faire respecter les décisions ? etc.). Le schéma «moyen/fin » se retrouve dans toute action, dans l’action morale mais aussi dans l’action politique. Il est très probable que la proximité et le fondement éthique de la politique avec la morale soit une cause de cette confusion. Mais elle s’avère assez grave lorsqu’on comprend que la morale n’est pas un ensemble d’énoncés, de propositions, de lois, de règles absolues et transcendantes. Il existe DES morales dont les origines se trouvent directement reliées aux conditions matérielles d’existences. Bien qu’il existe des points communs, voire une « morale de base », il est terriblement malheureux de prétendre que la politique et ses problématiques se réduisent à des problèmes moraux pour la simple et bonne raison que cela tue la politique. En effet, cela supposerait que l’on viendrait à se mettre en quête d’une morale universelle (puisque la politique est censée s’appliquer à tous sans distinction) et donc rechercher quelque chose qui n’existe pas et ne peut exister (à moins que tout le monde, par magie, se retrouve à partager un ensemble matériel et culturel commun). Il y aura toujours des divergences morales et politiques tant qu’il y aura des différences de cet ordre (c’est-à-dire probablement de toute éternité car le communisme n’est pas l’égalitarisme sommaire dont on l’affabule). Partant, prétendre régler la question politique en passant par la morale c’est nier la politique en tant que telle, en tant que réflexions, problématiques et décisions se situant au-delà du débat éthique. Faire de la politique, c’est faire fit de la question du Bien et du Mal car ils sont admis comme des notions dont les sens sont extrêmement divers. La politique à donc un aspect pragmatique (au sens philosophique) : elle prend acte du caractère aporétique du débat moral et tente de le dépasser. Dès lors, l’argument moral en politique est à rejeter absolument. Il est la preuve d’une incompréhension absolue et fausse les termes du débat voire le supprime en tant que débat politique.

La seconde raison pour laquelle il faut rejeter la discussion morale en politique est que cette dernière peut très bien s’en passer et trouver ses fondements dans les sciences et l’histoire. On rétorquera que l’argument moral pourrait s’y cacher mais on reverra alors au paragraphe précédent : ne pas le prendre en compte. Et que nous apprennent les sciences et l’histoire ? Que la société, sujet s’il en est de la politique, est régie, non par les diverses morales (du moins pas seulement) mais aussi par des lois, des règles, des normes, qu’il existe des classes, des groupes, des rapports de dominations, d’organisation etc. … et que tout ceci est social. Par de là le bien et le mal, ces éléments ne sont pas du ressort de la morale. Se poser la question de savoir s’il est juste que telle classe domine telle autre n’a pas de sens en politique. La question fondamentale est de comprendre comment la société fonctionne afin de voir comment la changer voire de prévoir son évolution. Et c’est là que se trouve le débat : dans la reconnaissance ou non de tels ou tels mécanismes sociaux, de l’avis qu’il faille ou non réaliser telle chose si l’on veut voir telle autre. D’une certaine manière, la politique cherche à influer sur le cours des choses en considérant que telle ou telle donnée est importante. Elle cherche donc à réaliser un programme mais celui-ci ne tombe pas du ciel et ne cherche pas à l’imposer de manière péremptoire (du moins dans les politiques sérieuses et conscientes) en méprisant ou ignorant les mécanismes sociaux à l’œuvre dans l’adoption ou le rejet des propositions politiques. Autrement dit, faire de la politique, c’est n’est pas seulement dire qu’il faudrait, ça serait bien, que telle ou telle mesure soit prise, c’est aussi et surtout savoir comment faire pour les faire advenir . Et c’est précisément là que se trouve le débat.

Pour résumé, nous pouvons dire que tout projet politique possède effectivement une base que l’on peut considérer comme morale. Cependant, le projet ne prend pas sens du simple fait de cette base car :

1. La dite base n’est pas transcendante et résulte de quelque chose de déjà politique. En ceci les problématiques sont politiques et non morales.

2. La question des moyens, la connaissance des mécanismes sociaux, de la structure de la société, de l’histoire, « des lois de l’histoire » sont absolument indispensable pour ne pas tomber dans la politique naïve que nous n’avons de cesse de dénoncer.

Si la politique n’est pas une science, c’est parce que le débat reste ouvert sur la question des moyens, parce que des débats existent au sein des sciences elles-mêmes et par ce que le déterminisme social n’est pas à ce point puissant qu’il oblige l’individu à penser nécessairement ce que pensent la majorité des gens de sa classe. Néanmoins, il convient, dans la discussion politique, de s’appuyer sur les éléments les plus solides possibles, c’est-à-dire les éléments les plus scientifiques et intersubjectifs. En un mot, la politique n’est pas affaire de science mais elle n’est pas affaire de pure opinion. La question morale doit être évacuée du champs politique car elle pollue et corromps un débat matérialiste en ceci qu’il se base sur des choses concrètes et non sur les idées de Bien et de Mal.

lundi 15 mars 2010

Pour une politique consciente

La campagne (et les élections) régionales est presque finie et s’est posé, comme à chaque fois, la question de savoir s’il fallait voter et si oui, pour qui. Aujourd’hui, la question du vote se pose en des termes relativement simples : « Qui vais-je choisir ? ». La question apparait donc comme une question analogue à celle que l’on se pose devant un rayon de barils de lessive : »Quel marque vais-je choisir ? ». Or, pour choisir sa lessive, on essaie de choisir celle qui lave le mieux (oublions un instant la question du prix qui n’est pas importante ici), c’est-à-dire la meilleure lessive. On suppose donc que dans les choix possibles d’un vote il y a UN choix meilleur que les autres. Meilleur en efficacité, qui a plus raison que les autres, qui est plus intelligent etc. Par exemple, on va se mettre à penser que sur la question A, le candidat n°1 a plus raison que le candidat n°2 qui est son exacte opposé sur l’échiquier politique. Si on pense que le candidat n°1 à plus souvent raison que les autres candidats, on votera pour lui car nous penserons qu’il s’agit du meilleur.
Il faut mettre fin à cette croyance, à cette façon de voir. La politique n’est pas (ou peu) question de RAISON, de VRAI ou FAUX. Il n’y a pas de science en politique. Si tel était le cas, il n’y aurait aucun sens à voter : la politique serait affaire de science, de scientifiques, d’experts qui sauraient ce qu’il faut décider parce qu’il ne serait pas possible de décider autre chose. Chaque proposition, si elle est cohérente, peut être admise puisque ce n’est pas le SAVOIR qui compte (ou du moins pas totalement) c’est aussi et surtout l’OPINION. Il faut donc abandonner l’idée, la croyance de se déterminer en fonction d’une vérité absolue. La question relève en réalité du choix de société que l’on veut voir advenir. Et il n’y a nulle fatalité pour qu’une société advienne plutôt qu’une autre. Aussi, il faut à tout prix refuser d’écouter ceux qui voudraient nous faire croire que telle société est impossible sous un quelconque prétexte : la grille de lecture permettant de savoir si une chose sociale est possible ou non étant interne à la société elle-même, il est vain de vouloir tenter de savoir, avec notre propre grille de lecture, si quelque chose de social est possible ou non dans une autre société. Il est absurde de prétendre qu’une société dans laquelle les travailleurs sont les propriétaires des moyens de production est vouée à l’échec. Si on affirme souvent cela, c’est qu’une telle hypothèse est effectivement vouée à l’échec dans une société capitaliste comme la notre. Autrement dit, on affirme bêtement qu’une hypothèse par nature anti-capitaliste est incompatible avec une société capitaliste. Encore heureux ! Merci de la remarque ! Mais cela n’invalide pas la possibilité d’une société dans laquelle cette hypothèse serait réalisé : cela donne au moins une condition de réalisation de cette hypothèse…se placer dans une autre société, c’est-à-dire dans une autre organisation du mode de production. En fait, on oublie qu’une proposition politique ne se pense pas et ne peut pas se penser unilatéralement, en elle-même, isolée des autres problèmes et proposition. UNE proposition politique renvoie nécessairement à un ENSEMBLE plus ou moins cohérent, plus ou moins conscient et plus ou moins complet d’autres propositions. Voilà pourquoi le choix politique n’a rien à voir avec un choix similaire à celui que l’on réalise au supermarché : on ne peut pas se déterminer questions par questions, propositions par propositions mais uniquement ENSEMBLE de proposition par ENSEMBLE de propositions. « Pire encore » : il faut savoir d’où vient cet ensemble. Car tous ne disent pas la même chose et ne causent pas les mêmes effets. Ils n’ont pas les mêmes buts ni les mêmes raisons d’advenir. Et on touche là à un problème dont les dirigeants politiques eux-mêmes n’ont que rarement conscience. Toute idéologie politique (j’appelle idéologie cet ensemble cohérent de propositions) est sous-tendue par un ensemble encore plus vaste et plus souterrain de positions philosophiques. La détermination politique est une détermination philosophique. Mais à ce niveau les choses et les problèmes sont d’une telle complexité qu’on ne peut que difficilement déterminer quelle philosophie se retrouve dans tel ou tel camp. Néanmoins, il y a quelques constantes nous permettant d’y voir plus clair et de nous déterminer. Par exemple, la VRAIE gauche se caractérise par une vision de l’histoire particulière dans laquelle le capitalisme est voué à s’effondrer (1). La droite (et la fausse gauche) se caractérise par une conscience aigue des intérêts de classes qui la pousse a fabriquer une idéologie (entendue cette choix dans le sens marxiste d’une ensemble d’idées et de discours visant à justifier sous prétexte de « bien commun » une politique de classe) et à briser tout ce qui pourrait conduire la classe ouvrière à avoir conscience d’elle-même, c’est-à-dire de passer de la classe en-soi à la classe pour soi (2). Or, à ce stade, il n’est plus possible de dire naïvement, « je suis d’accord avec tel camp ou avec tel autre » car s’il n’est encore pas question de science, il n’est pas non plus question de pure opinion. D’une part, la science n’est pas totalement exclue puisque des travaux en psychologie, en sociologie et le recours à l’histoire peut être éclairant. De plus, il faut avoir des raisons de croire et se forger une argumentation, la tester, la modifier etc.
Et à ce niveau, je ne connais pas de positionnement philosophique plus puissant que le marxisme. Probablement est-ce le seul système qui va et traite des soubassements philosophiques « purs » aux problèmes économiques et sociaux (c’est-à-dire aux problématiques concrètes). C’est donc le seul système conscient de sa philosophie ET de sa politique. Les problèmes surviennent lorsqu’il s’agit d’adapter une pensée par nature dépendante des conditions matérielles à l’évolution de l’histoire. Mais ce problème n’est que « superficiel » au regard de celui que nous venons de dénoncer. Si tous les camps politiques en était à ce stade, le Parti Socialiste n’aurait même pas l’idée de discuter avec le Modem, on ne ferait pas l’apologie du « pragmatisme », on ne nierait pas que la société est ce qu’elle est par choix et non par une quelconque « nature humaine » ou une « fatalité » fantaisiste. Nous reviendrons sur ce point mais il me semble que la « gauche » à définitivement finit d’être de gauche quand elle a abandonné ses soubassements marxistes. Ne voyant pas la cohérence qu’il y avait entre les idées, elle en est venue à penser qu’il était possible de traiter les choses une par une sans avoir recours jamais à une base de référence. Elle s’est crue plus libre, elle n’a fait que changer de base car dans un monde capitaliste, la « base » par défaut, c’est la base dominante, ici, la base capitaliste. En abandonnant l’idée du socialisme, la gauche a définitivement trahi. A gauche, on se moque souvent des « groupuscules » (NPA, LO) mais il s’agit en réalité des seuls partis dans lesquels on peut encore retrouver un véritable fondement aux propositions et aux idées annoncées. Le reste n’est que « pragmatisme aveugle » où la proposition est avancée sans que l’on sache vraiment pourquoi. Ou alors on dit qu’elle est « meilleure », plus « vraie », plus « morale » ce qui revient à considérer la politique sous l’angle naïf que nous dénonçons.
Une véritable culture politique dépourvue des jugements et des vocabulaires évaluatifs est nécessaire. La morale n’est pas inutile, méprisable ou sans importance. Simplement, elle doit être seconde dans notre choix. Ce qui compte avant tout, ce qui est véritablement le moteur des décisions politiques que nous devons prendre en compte, c’est le dépassement d’une société absurde, le dépassement des contradictions capitalistes.

(1)Ceci ne signifie pas qu’il s’effondrera fatalement, mais qu’il contient en lui-même sa propre destruction et les germes d’une nouvelles organisation de la production et donc d’une nouvelle société, la société communiste.
(2) Le discours de M. Aubry d’hier soir est ainsi très significatif lorsqu’elle s’adresse « aux françaises et aux français » car elle s’adresse alors aussi bien à M. Bernard Arnaud qu’à l’un de ses salarié au SMIC qui n’ont assurément pas les mêmes intérêts…

mardi 9 mars 2010

C’est quand même mieux qu’une promenade en ville, non ?


Clashes at the headquarters of Total
envoyé par nocommenttv. - L'actualité du moment en vidéo.
On notera à 1:00 un plan fort intéressant : dans les étages, les cadres, managers, décideurs etc., au rez-de-chaussée, les ouvriers. Face à ces derniers mais aussi en bas, les gendarmes mobiles. Tout un symbole : la hiérarchie de toute la société est ainsi représentée : en haut, bien à l’abri le Capital, en bas, dans le chaos, le Travail. Ce qui est surtout intéressant, c’est finalement plus la place « des forces de l’ordre » que des autres protagonistes : ils sont eux-aussi dans le camp des travailleurs mais retournés contre eux. En un sens, ils se battent contre eux-mêmes…

Présentation

PCCC est un blog personnel. Les billets qu’on y trouve sont donc l’œuvre d’une seule personne (c’est-à-dire de moi). Son objectif est de contribuer à combattre le capitalisme par la déconstruction, la destruction des arguments et des idées diffusées quotidiennement. En d’autres termes, PCCC se veut être une contestation quotidienne de la société actuelle. Positivement, il a aussi pour but de réhabiliter et de promouvoir ce qu’on pourrait appeler le communisme ou le socialisme. Cependant, n’étant pas un marxiste professionnel, il se peut que quelques touches, quelques positions « hétérodoxes » m’échappent. Les tenants d’un marxisme sérieux m’excuseront…

Mon arme principale sera la philosophie de combat. Qu’est-ce que la philosophie de combat ou qu’entend-je par là ?

La philosophie habituelle, traditionnelle, a tendance à se croire indépendante, au-delà des problèmes concrets, de la société réelle ou des conditions matérielles dans lesquels elle puise finalement ses idées. Elle dénie voire méprise ainsi régulièrement la politique. Ou encore, quand elle s’y préoccupe, elle le fait de loin, de haut. Elle opère des tentatives maladroites pour dire des choses sans les dire, pour prendre positions l’air de rien etc. La philosophie de combat est l’exact opposée : elle prend pied dans l’actualité, dans le réel, dans le concret. Elle considère les problèmes sociaux comme bien plus urgents que les questionnements spéculatifs de la philosophie traditionnelle. Cette philosophie prend clairement position, elle tranche, proclame ouvertement sa prise de position. Elle est également consciente de sa subjectivité (contrairement à la philosophie traditionnelle qui croit sérieusement dire le « Vrai »). La philosophie de combat sait pertinemment et pose même comme postulat que toute position, toute idée, toute thèse est sous-tendue par une certaine philosophie. Ou plutôt, elle sait que toute philosophie, comme toute idéologie, nait d’abord des conditions matérielles réelles. Autrement dit, la philosophie de combat affirme que tout (donc toute philosophie) est politique.

Cependant, la philosophie de combat n’ignore pas (au contraire) les débats théoriques et spéculatifs de la philosophie traditionnelle. Ces derniers sont importants mais elle les relègue au second plan sur l’échelle de l’urgence. Pour autant, méthodologiquement, elle se doit également de prendre position à leur sujet. Aussi, lors de nos travaux, c’est en faisant appelle et en contestant les soubassements pratiques mais aussi théoriques que nous comptons attaquer le capitalisme et ses promoteurs. D’ailleurs, l’un des objectifs dérivé de PCCC est d’initier le lecteur aux questions fondamentales en philosophie, non pour en faire un philosophe mais afin de lui donner des armes intellectuelles pour mieux résister et contrer la propagande du Capital. Voilà pourquoi il sera possible de classer les articles de PCCC en deux catégories : les articles de contestations pratiques (attaque des idées, des propositions, des situations concrètes et pratiques dans lesquels il y a promotion du capitalisme ou du libéralisme et soutient aux initiatives opposées) et les articles de contestation ou de présentation théorique (soit attaque d’idées théoriques, de thèses théoriques défendues par les capitalistes, soit présentation, suggestions d’idée et de thèses théoriques qui nous sembleront participer et inciter au dépassement du capitalisme).

En résumé donc, PCCC a un double objectif : attaquer le capitalisme sous toutes ses formes (théoriques et pratiques) et donner aux lecteurs des outils d’analyse critiques, des arguments utiles pour se forger une opinion résolument anticapitaliste.





Note 1 : par ailleurs, PCCC est ouvert aux critiques, surtout s’il s’agit de pointer une contradiction. Encore une fois, n’étant pas un marxisme professionnel, je ne suis pas certain de toujours être pertinent… Je compte sur le lecteur pour corriger cela !


Note 2 : Ceci était une présentation rapide. Il y a encore beaucoup à dire notamment sur l’idée de « philosophie de combat ». Nous y reviendrons régulièrement.