vendredi 19 mars 2010

Qu'il ne faut pas confondre "fin du monde" et "fin du capitalisme"

Il y a quelques semaines, il a fallu, une fois de plus, que j’explique à l’un (au moins) de mes amis pourquoi, contrairement à lui, je ne faisais pas confiance au P « S » et pourquoi les positions du NPA (entre autres) étaient loin d’être absurdes. Étudiant la finance et s’y destinant, il insista pour que nous en venions à parler du programme « économique » du NPA (mais les objections qu’il apporta auraient valu pour n’importe quelle organisation véritablement de gauche).

Bref, je vous passe les détails mais l’un des arguments fut de dire que les propositions en matière de finance économie de l’extrême gauche aboutiraient ni plus ni moins à… détruire la finance actuellement conçue. Sur le coup je n’ai pas réagi probablement absorbé un peu trop vite dans le tableau dramatique qu’il me peigna alors d’une société dépourvue d’une telle finance. Et puis, en y repensant, je me suis dit que ce qu’il venait de me dire, c’était ni plus ni mois que les propositions anticapitalistes étaient… anticapitalistes !

C’est alors que je compris combien, très souvent au cours d’une discussion politique, le débat peut être faussé par des éléments qui n’ont rien à faire là. Il y a bien sur la morale mais aussi l’absence de compréhension du fait que la grande majorité de ce qui existe aujourd’hui est le produit d’une société capitaliste et que, soutenir qu’il faut en finir avec le capitalisme, c’est en finir avec bons nombres de choses qui constituent notre société. Elles le constituent à un degré tel qu’elles nous paraissent naturelles et nécessaires et que vouloir les supprimer c’est A COUP SUR plonger l’humanité dans la guerre la plus noire qui soit, un retour à l’état sauvage, à l’état de nature.

Ceci démontre à quel point le manque de culture et d’analyse politique (entendue dans un sens large) peut être un obstacle à la conceptualisation d’une société non capitaliste et à un débat un peu sérieux. En se faisant passer pour naturel, le capitalisme a également fait passer ses productions et effets pour naturels alors qu’ils ne sont que contingence. Il faut donc prendre garde à bien identifier ce qui relève de la société capitaliste (beaucoup de choses) et de ce qui tient de la nature (quasiment rien) afin de ne pas se laisser arrêter par un argument voyant dans la disparition d’un élément contingent (mais nécessaire, bien souvent au capitalisme), celle d’une condition nécessaire d’existence de l’Humanité.

J’invite donc mes lecteurs à se méfier lorsque, dans un débat à teneur politique, l’un des protagonistes affirme que telle idée conduit à la destruction du monde. Il convient alors de se demander si ce monde dont il parle, ce ne serait pas le monde capitaliste…

Aucun commentaire: